Rodho, un dessinateur militant ça change tout
Un œil sur le web, une oreille vissée à la radio, un feutre à la main, le dessinateur de presse décrypte l’actualité depuis une quinzaine d’années. Le Bisontin – « Arboisien plutôt, sourit-il » – vient d’illustrer Anti fake news, le livre indispensable pour démêler le vrai du faux avec Thomas Huchon et Jean-Bernard Schmidt.
Installé à Hôp Hop Hop – tiers-lieu bisontin occupant les anciens locaux de l’Hôpital Saint-Jacques – depuis quatre ans, Rodho partage son regard sur l’actualité, à travers une dizaine de médias. « J’ai commencé au milieu des années 2000, se remémore-t-il. J’ai mis le pied à l’étrier en étant ghost drawer (dessinateur de l’ombre) pour des auteurs de BD et des illustrateurs. En parallèle, j’ai toujours été passionné par l’actualité. Ayant grandi dans une famille militante, à Arbois, j’ai les oreilles collées à la radio depuis mes six ans : politique, musique, société, sport, tout m’intéresse… A l’époque, le bonheur, c’était simple comme une égalisation de Sochaux à Laval. Plus tard, j’ai étudié l’histoire à Besançon avec un intérêt marqué pour le XIXe siècle, les Trente Glorieuses et l’histoire des idées politiques. Comme je n’avais pas la vocation pour être prof, la passion du dessin a pris le dessus. »
Besançon-Paris-Besançon
Rapidement, les collaborations se multiplient avec Ma Commune, Pays Comtois, France 3… « Monté à Paris pour rejoindre ma compagne en 2009, je pousse la porte de Marianne, explique Rodho. J’enchaîne avec Le Post, racheté par HuffPost. On veut m’y garder, sans me payer. Je rebondis sur Le Plus de L’Obs, mais le site prend une tournure sensationnaliste qui n’est pas ma tasse de thé. Je rejoins alors Bastamag, Fakir, Zélium, La lettre d’information Habitat & Collectivités Locales, les publications d’Energy Cities… »
En 2015, avec une petite famille grandissante, se pose la question de quitter Paris. « On avait le choix entre Nantes, dont est originaire ma compagne, et Besançon, évoque Rodho. Finalement, c’est la nature et l’appel du terroir – j’ai quelques vignes à Arbois – qui ont été les plus forts. »
La ligne claire entre fake news et algorithmes
Outre la presse, Rodho fait du dessin en direct, lors de conférences, et anime des ateliers médias du collège à l’université, notamment avec Cartooning for peace. « Toute la puissance du dessin pour animer des ateliers médias, c’est qu’il suffit d’une feuille et d’un crayon, résume-t-il. Mais pour traiter une actualité, il faut aussi savoir vérifier les sources et croiser les informations. Tout ça me permet de parler de fake news ou encore des algorithmes qui nous envoient des contenus ciblés. Les ateliers médias sont donc une belle boîte à outils pour réapprendre à penser par soi-même. »
Et pour partager ces outils avec le plus grand nombre, Rodho s’est associé avec les journalistes Thomas Huchon et Jean-Bernard Schmidt en cosignant Anti fake news, le livre indispensable pour démêler le vrai du faux, paru en février dernier aux Editions First. « On y présente des infos pratiques pour savoir comment vérifier une actualité ou s’assurer qu’une photo n’a pas été retouchée, évoque le dessinateur. Des fake news sont aussi démontées pour expliquer comment elles ont pu prospérer, notamment sur les réseaux sociaux. A noter que la presse n’est pas en reste avec des épisodes d’emballement médiatique. Un phénomène que j’ai illustré avec un dessin inspiré par les moutons de Panurge qu’on retrouve aussi dans plusieurs manuels scolaires. » Chassez la vocation de prof, elle revient au galop d’un troupeau.
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