CHRONOSPEDIA : quand « l’encyclopédie sert de terrain de jeu »
François Simon Fustier est maître d’art en horlogerie et on peut dire qu’il a le cœur à la transmission de savoirs… Voilà maintenant deux ans qu’il mène à bien le projet CHRONOSPEDIA, la toute première encyclopédie en open accès sur l’horlogerie ancienne.
Situé à Lyon, l’atelier de François Simon Fustier, labelisé EPV (Entreprise du Patrimoine Vivant), est spécialisé dans la restauration de pendules et d’horloges d’édifices, C’est pourquoi CHRONOSPEDIA portera principalement sur ce domaine. Mais ce n’est pas la seule raison… « Aujourd’hui en France comme en Suisse, la quasi-totalité de la formation en matière d’horlogerie est axée sur la montre. C’est normal puisqu’il y a une employabilité. Le problème est que toute la partie restauration de pendules, horloges et, à plus forte raison, l’horloge d’édifice qui n’est plus enseignée, est très peu documentée » explique le maître d’art en horlogerie. Le peu qui existe finalement, consiste en des dessins en 2D qui sont difficilement lisibles.
De multiples facettes
On peut dire que CHRONOSPEDIA sera sur tous les fronts. D’abord, elle recensera des modélisations 3D, pour expliquer très simplement aux élèves ou aux horlogers les mécanismes et tout ce qui ne peut pas être vu à l’œil nu. « On s’est rendu compte qu’il n’y avait qu’une vingtaine de types de mécanismes différents en Europe. Aujourd’hui, on est capable de couvrir toute l’histoire de l’horlogerie européenne de 1 300 à 1 900 en modélisation 3D » précise François Simon Fustier. D’ailleurs, l’équipe de CHRONOSPEDIA collabore avec une quinzaine de musées. Chacun des musées sera associé à un chapitre en vue de leurs collections respectives. Ils seront à même de proposer du contenu pour parfaire ces archives, avec l’appui du CNRS. Par exemple, le musée du Temps sera chargé de la documentation de l’horloge comtoise. Toutes les images et photos seront issues de collections d’horlogers professionnels, d’associations ainsi que des reportages INA. Bref, une vraie mine d’or ! Mais ce n’est pas tout… CHRONOSPEDIA proposera des formations. « On s’est dit qu’il fallait aller plus loin et créer des certifications professionnelles. Pour cela, on travaille en lien avec un certain nombre d’écoles horlogères : à Morteau, Diderot à Paris, Jules Haag à Besançon » appuie François Simon Fustier.
Une aventure humaine et collaborative
En cours de travail depuis deux ans, le projet est soutenu par le Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche, celui de la Culture, par les régions Auvergne-Rhône Alpes et Bourgogne-Franche-Comté ainsi qu’Arc Horloger, sans parler du mécénat technique de Dassault Systèmes. « Le travail avance relativement vite, car l’encyclopédie sert de terrain de jeu à de nombreuses structures qui font de l’expérimentation » précise-t-il. Un vrai travail collaboratif, sur tous les plans. « C’est une magnifique aventure humaine ! Je m’amuse comme un fou à 61 ans, c’est une collaboration incroyable, qui tire vers le haut » certifie le maître d’art. Une encyclopédie en ligne accessible librement et à tous. « Il s’est créé autour de ce projet, une communauté horlogère, franco-suisse, que je ne connaissais pas » se réjouit François Simon Fustier.
Retrouvez François Simon Fustier lors de la 9e édition des 24h du Temps et découvrez le projet CHRONOSPEDIA, les 17 et 18 juin prochain dans la cour du palais Granvelle à Besançon.