Les Minjoz vus par Joseph Pinard
Dans « Louis et Jean Minjoz, 70 ans d’action politique à Besançon », l’historien et ancien député du Doubs Joseph Pinard rend hommage à deux personnalités majeures de l’histoire bisontine, le père et le fils réunis dans un même ouvrage.
Si les Francs-comtois connaissent le nom de Jean Minjoz, associé au CHU de Besançon, celui de Louis reste méconnu. Pourquoi avoir uni les deux hommes dans votre livre ?
La vie de Jean est directement inspirée de celle de son père Louis, arrivé avec sa famille à Besançon en 1911, de sa Savoie natale. Instituteur, il a eu le courage et l’audace de démissionner pour devenir avocat. C’était une personnalité très forte, qui se réclamait disciple de Jean Jaurès et qui a implanté le parti socialiste à Besançon. Malheureusement disparu durant la 1ère guerre mondiale, il laissa le jeune Jean orphelin de guerre à 12 ans. Par fidélité, ce destin tragique l’a incité à devenir à son tour avocat et pro-européen, comme son père.
Vous dites que Jean Minjoz est à l’origine de l’intercommunalité, pour quelle raison ?
Il faut d’abord se souvenir qu’il a été maire de Besançon pendant quatre mandats consécutifs, de 1953 à 1977, député puis ministre. En 1967, c’est l’un de ses adjoints qui jette un pavé dans la mare en annonçant : « Il est urgent de créer un District entre la ville et les communes périphériques ». Jean Minjoz appuiera cette demande, arguant que « Besançon, tel un ogre, ne va pas manger les communes avoisinantes… et pour que soient réglés d’entente les grands problèmes de demain : transport, eau… », mais pour ces dernières, c’était encore inimaginable.
Pourquoi ce refus ?
Il y avait la ville et la périphérie. A titre d’exemple, Besançon était sollicitée par les communes pour se brancher sur son réseau d’eau ; c’est elle encore qui gérait leurs ordures ménagères, aucune n’ayant capacité à régler ce problème. Beure comptait 770 habitants et seuls deux autres villages dépassaient les 500 habitants. Résultat : la ville centre, avec déjà environ 100 000 habitants, payait quasiment tout : les pompiers, le Conservatoire, l’école des Beaux-Arts, les parkings etc. et fournissait le foncier pour les grands équipements publics (le lycée Pergaud, l’hôpital). Il fallut pourtant attendre encore plus de 25 ans pour que naisse le District du Grand Besançon. Je crois qu’aujourd’hui la population n’a pas conscience de la véritable révolution de l’intercommunalité… Besançon était vraiment menacée d’asphyxie.
« Louis et Jean Minjoz, 70 ans d’action politique à Besançon », de Joseph Pinard, éd. Cêtre, 240 pages, 23 €.