Isabelle Druet : la voix de cœur

Isabelle Druet, vous l’avez sans doute déjà croisée dans Besançon. Quand elle souffle un peu entre deux récitals ou opéras donnés à travers l’Europe. Elle est souriante, drôle, vous accueille chez elle avec convivialité. Une femme, une mère tout simplement ?..  Oui, mais aussi et surtout une grande cantatrice lyrique qui fait trembler de sa voix les salles ou auditorium les plus renommés. Une bisontine hors du commun.

Elle a passé ses premières années au Coin joyeux, un lieu-dit du Marais Poitevin. Par la suite, elle déménage souvent, pour suivre sa famille engagée dans l’association ATD Quart Monde, et arrive à l’âge de 12 ans à Arbois où son papa dirige une maison de vacances pour familles en grande difficulté. Les disciplines artistiques la tentent. Très tôt la danse puis le théâtre qu’elle explorera au lycée de Salins-les-Bains. Le goût pour les spectacles musicaux est en train de naître mais on est loin du chant lyrique. C’est le reggae qui fait bouger Isabelle !

Après le lycée, direction Besançon pour une formation théâtre. C’est là qu’elle crée avec son compagnon et une bande de copains comédiens la Compagnie La Carotte. Élevée avec, des valeurs de solidarité et d’humanisme, Isabelle a l’idée de développer le théâtre en milieu rural. Et puis il y a une chorale classique à la fac. Elle pousse la porte un peu par hasard, bien loin de son univers musical, mais la tessiture et les possibilités qu’offre sa voix lyrique ‘étonnent, résonnent. Sur les conseils de la cheffe de chœur, elle prend ses premiers cours de chant, et, à partir de là, tout s’enchaîne !

Elle s’inscrit aux concours d’entrée des conservatoires d’arrondissements parisiens, est retenue dans celui du 7° qu’on lui a recommandé. Après 2 ans d’études, elle tente de décrocher le Graal : le Conservatoire Supérieur de Paris. Et réussit ! C’est parti pour 4 ans d’une formation passionnante et ultra-complète, elle rattrape le temps perdu. C’est le concours de la Reine Élisabeth en Belgique en 2008 qui va faire décoller sa carrière à l’international.

Depuis, elle oscille entre opéras et récitals avec sa voix de mezzo-soprano, partout en France et en Europe. Tout en gérant aussi sa vie de maman avec un ado de 15 ans et une petite fille de 6 ans qui viennent la retrouver avec leur papa lorsqu’elle s’absente plusieurs semaines pour préparer un opéra à l’étranger. Et ce n’est pas parce que maman chante du lyrique qu’elle n’écoute pas autre chose. Isabelle aime commencer sa journée avec « du gros son » comme elle nous le dit en riant. Quant à ses chanteurs préférés? Bob Marley (depuis l’enfance !), Lisa Gerrard (Dead Can Dance) qui l’ouvre au baroque, Miriam Makeba, Mercedes Sosa… Elle se dit même dub à 200% et écoute avec plaisir du rap américain avec son fils.

Donc une chanteuse lyrique qui sort facilement de son cadre. Peut-être est-ce cette ouverture qui lui donne une certaine aisance à sortir du cadre strict qu’impose un chant lyrique en y mettant une touche personnelle sur une mesure de partition parfois, ou en jouant dans ses postures sur scène, grâce à son expérience théâtrale. Sans compter sur ses tenues des plus soignées, avec une tendance affirmée pour le wax (tissu africain), clin d’œil toujours au reggae des premières années ! Et c’est ce savoureux mélange qui fait d’Isabelle Druet une cantatrice de grand talent que les Bisontins peuvent être fiers de compter parmi eux !

Isabelle Druet a chanté la Marseillaise et le Chant des partisans le 8 septembre dernier à Besançon lors des célébrations des 80 ans de la Libération.

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