Echange avec … Anne Vignot, nouvelle Présidente du Grand Besançon

Le 16 juillet, Anne Vignot était élue Présidente de Grand Besançon Métropole. Elle est la première femme écologiste à accéder à cette fonction. Elle nous fait partager son ambition pour notre agglomération et sa volonté de fédérer et de nouer des alliances pour « faire territoire ».


Vous êtes la première femme à la tête de Grand Besançon Métropole. Quels sentiments cela vous inspire-t-il ?

Le sentiment premier, c’est le message fort que j’ai reçu de la part des femmes. J’avais sous-évalué combien le fait d’être Présidente d’une grande intercommunalité pouvait agrandir le champ des possibles pour elles. Cette élection semble être un symbole. Pour beaucoup, le fait qu’une femme accède à ce niveau de responsabilité incarne un changement fort.


Quel regard portez-vous sur votre parcours ?

Ma vie politique m’a révélé que, depuis toujours, j’étais dans cette volonté de comprendre la relation qu’il y avait entre la société et son environnement. Et comment cette interaction Homme-Nature était un enjeu fondamental et la solution pour obtenir plus d’équité, plus de justice sociale, de justice environnementale. Ma maman rêvait d’une société qui permettrait à l’Homme de s’épanouir, qui donnerait aussi plus de chance à tout le monde. Le mot « civilisation » était, pour elle, associé à une meilleure qualité de vie pour le plus grand nombre. J’ai été bercée par ce rêve. Lorsque j’ai commencé mes études de géographe, tout cela a pris sens, concrètement.


Justement, vous qui êtes géographe, quelle ambition territoriale portez-vous pour le Grand Besançon ?

Mon métier de géographe m’amène à me poser des questions sur les différentes échelles spatiales. Et ce qui m’intéresse, c’est comment articuler des politiques déployées à échelles différentes pour assurer un bon fonctionnement de la société. En d’autres termes, comment nos politiques publiques en matière de mobilité, d’habitat, de gestion des ressources, de santé, de formation, d’enseignement supérieur, de recherche, de développement économique doivent-elles être pensées pour garantir une cohérence globale tout en respectant notre environnement, notre écologie, notre vivre ensemble. À l’échelle du Grand Besançon, je pense qu’il faut miser sur la coopération avec d’autres territoires, notamment avec nos partenaires du Pôle métropolitain Centre Franche-Comté. S’appuyer sur les atouts de chacun pour développer les circuits de proximité en matière de filière agricole par exemple. C’est un aspect qui ressort fortement de la crise de la covid 19 : travailler sur la chaîne de valeurs. Il convient, dans nos pratiques, d’essayer de privilégier ce qui peut être produit localement, pour éviter d’être dépendant d’un partenaire situé à l’autre bout du monde. Et cette chaîne, on ne peut pas la construire uniquement à l’échelle du Grand Besançon. C’est donc là où la coopération avec les autres territoires prend tout son sens. Travailler la complémentarité et trouver la bonne échelle !


Anne Vignot parle de son parcours lors d’un reportage de France 3 Bourgogne-Franche-Comté.


Dès le lendemain de votre élection, vous avez participé aux rencontres du réseau des grandes villes vertes de France à Tours. Quels sont les objectifs de cette alliance ?

J’ai constaté que, à partir du moment où Besançon s’inscrivait dans un projet de territoire résilient, s’emparant de la transition écologique, on entrait dans un réseau de grandes villes qui agissent face aux enjeux climatiques mondiaux. C’est un premier symbole. Car c’est au niveau des collectivités locales que la transformation est la plus rapide, la plus efficace. Que les états aient un rôle à jouer, oui ! Mais on sait aussi qu’en période de crise c’est au niveau local que la forme de résilience est la plus forte. Et si nous faisons réseau, ensemble, nous serons plus forts pour faire bouger les paramètres climatiques. Consolider le plus rapidement possible des actions, faire des expérimentations, se conseiller mutuellement, agir ensemble. Cette alliance peut nourrir très vite le changement. Par exemple, on a vu des communes prendre des arrêtés anti-pesticides à titre individuel qui ont été annulés. En revanche, quand ces arrêtés sont pris conjointement par plusieurs communes, ils aboutissent. Nous sommes plus forts ensemble, sur notre territoire comme à l’extérieur ! Un territoire résilient, c’est l’opportunité d’ouvrir de nouvelles perspectives.


L’Est Républicain: Besançon dans l’Alliance de « villes écologiques et solidaires »


 L’un des enjeux majeurs de notre temps, c’est l’écologie et la biodiversité. De nombreuses compétences de Grand Besançon Métropole portent sur cette question. Quelles seront vos priorités ?

La question des mobilités sera l’une des priorités. Dans un premier temps, je proposerai des transports gratuits le samedi, pour tous les Grands bisontin.e.s. Cela permettra de découvrir son agglomération, de se rendre dans les commerces, d’aller à la piscine, etc. plus facilement, plus librement. Nous étudierons ensuite la gratuité des transports pour les moins de 26 ans. C’est une problématique récurrente pour les familles, le coût de l’abonnement scolaire pesant dans leur budget. Et pourquoi, me direz-vous, cet âge pivot de 26 ans ? Eh bien parce que c’est une période de la vie où l’on dispose de peu de ressources. C’est donc un coup de pouce. Mais c’est aussi et surtout une période de la vie au cours de laquelle on prend des habitudes, on expérimente, on change ses pratiques. Et prendre les transports en commun, c’est un comportement que l’on peut ancrer. Nous voulons que les jeunes expérimentent, durablement. Et qu’ils puissent ainsi reproduire cette pratique tout au long de leur vie. Ces changements d’habitudes sont essentiels si l’on veut vivre sur un territoire écologique.



Enfin, quelle est votre approche en matière de développement économique ?

Nous devons d’abord être à l’écoute du monde économique, nous demander ce qui est nécessaire aux entreprises pour leur développement en termes de formation des salariés par exemple, de services (restauration, transport…). Nous sommes un partenaire à leur service, nous sommes là pour les accompagner au maximum. On doit favoriser les synergies entre l’enseignement supérieur, la recherche, les entreprises, les zones d’activité, les banques… Pour ce faire, nous pourrions créer un guichet unique qui fédère les chambres consulaires, les partenaires économiques, auprès duquel une entreprise pourrait s’adresser quand elle a un besoin d’accompagnement. Il faudrait par ailleurs organiser des assises territoriales pour bâtir ensemble une stratégie économique. Éviter par exemple que le développement des entreprises se fasse au détriment des terres agricoles. Il faut trouver un équilibre, et c’est dans le collectif que nous le trouverons.



Côté perso …

Son plat préféré : le tajine

Le film qu’elle aime revoir : La couleur des sentiments de Tate Taylor

Son dimanche idéal, côté loisirs : une bonne rando dans l’agglo

Le livre qui l’a vraiment émue : La colère noire, lettre à mon fils de Ta-Nehisi Coates

Un arbre symbolique : le chêne

Son stimulant : la jeunesse

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