Trois millions de spectateurs pour le cirque Plume
La bien nommée Dernière Saison devait être l’occasion de parachever onze créations qui, en près de 40 ans, auront attiré plus de trois millions de spectateurs dans le monde. « Nous avons dû annuler 94 représentations, soit autant de rencontres avec notre public, se désole Bernard Kudlak. Il n’y a pas eu de dernière grande fête à Arc-et-Senans et à Besançon, comme nous l’espérions. On a eu le sentiment que notre fin nous a été volée. Cela dit, nous avons conscience que c’est tout le secteur de la culture qui est impacté. C’est particulièrement vrai pour le spectacle vivant où, pour pouvoir manger, l’artiste vend “un état de présence” au public. Une plus grande solidarité des pouvoirs publics doit être portée vers les acteurs qui ne peuvent pas travailler actuellement.
Avant le Covid, la dynamique du cirque était florissante en France avec plus de 400 troupes. » Parmi elles, combien d’enfants Plume ?
APRÈS LA SORTIE DE PISTE
Si la déception de la sortie de piste imposée reste vivace, l’après-Plume a d’ores et déjà commencé. « Nous avons engagé un travail d’archivage et la tâche s’annonce considérable, explique Bernard Kudlak : il y a quarante ans de textes et plus de 25 000 photos à traiter. Les compositions de Robert Miny, disparu en 2012, et de Benoit Schick ont toutes été enregistrées, mais elles pourraient être réinterprétées, avant d’être mises en accès libre sur notre site, tout comme les vidéos. Un livre d’art est aussi en projet. De son côté, le grand chapiteau jaune a été repris par le directeur technique qui va continuer à le faire tourner. On espère aussi pouvoir renouer les liens entre les membres de la troupe, actuellement dispersée à cause du Covid. Au fil du temps, plus de 200 personnes sont passées chez nous, dont une centaine d’artistes. On se retrouvera autour du long poème que nous avons créé et partagé. Le Cirque Plume s’est effacé – notre mot d’adieu évoquait “un grand vaisseau qui part dans la nuit” –, mais la poésie restera. »
Poétique Plume
Pour Aline Chassagne, adjointe à la Culture, « le Cirque Plume fait partie de notre histoire, de celle de notre ville. Le “ Plume ” fait partie de l’Histoire du cirque de création. Sous son chapiteau, la musique porte des sons jusqu’à l’horizon, les instruments se remplissent de leurs plus belles sonorités, les couleurs se teintent de vivacité, et les objets volants sous une pluie de légèreté sont emmenés par des costumes décalés. Sur le fil, les mouvements, les ombres, abritent des songes. Au rythme du pendulum, la poésie s’envole. Sur les routes de la région, jusqu’à l’international, il voyage avec caravanes, enfants, familles et amis, et de tout temps, il revient à Besançon. Des saisons rythmant la vie bisontine, les habitant.e.s, petits et grands, fièr.e.s de leur cirque, trépignent à l’annonce du spectacle. La dernière tant attendue n’est pas venue, un goût d’amertume. La nostalgie du temps perdu. Cirque Plume, tu nous manqueras ».