Aux Vaîtes, un juste équilibre entre ville et nature
Sur les 23 hectares de la zone d’aménagement des Vaîtes, seuls 5 hectares seront nouvellement urbanisés. Dès 2028, cet écrin paysagé accueillera une école et les premiers des 600 logements livrés sur une dizaine d’années. De quoi permettre aux jeunes foyers et aux familles de (rester) vivre à Besançon.
On le sait, la vie des grandes opérations d’urbanisme est rarement un long fleuve tranquille. Et avec ses nombreux aléas, depuis sa version initiale de 2005, le futur quartier des Vaîtes n’aura pas dérogé à la règle.
« Le choix le plus simple aurait été de ne rien faire finalement, mais cela revenait à ignorer les besoins résidentiels des Bisontines et des Bisontins, observe Anne Vignot, maire de Besançon. Or, notre responsabilité est d’offrir des logements qui permettent le maintien ou l’arrivée de nouvelles familles en ville. C’est pourquoi, au regard d’un marché immobilier dont la tension est devenue insupportable pour une grande partie des ménages, le futur quartier des Vaîtes est porteur d’intérêt à l’échelle de la ville, mais aussi de l’agglomération. Il en va de même avec d’autres opérations comme Saint-Jacques-Arsenal, Grette-Brulard-Polygones, Les Hauts de Chazal ou Viotte… Rappelons que le Programme Local de l’Habitat 2024-2029 de GBM a confirmé un besoin de construction et de rénovation dans l’ancien. Cette dernière relève davantage des acteurs privés et, sur ce point, notre rôle est plutôt incitatif. »
La forte demande – près de 900 logements par an – est liée notamment aux évolutions de notre société : en 1990, les foyers grand bisontins comptaient 2,3 personnes en moyenne. Aujourd’hui, c’est 1,8. Un tel « desserrement des ménages » s’explique par plusieurs facteurs : séparations, familles monoparentales, allongement de la durée de vie et du veuvage, augmentation des effectifs étudiants… Résultat : pour un même nombre d’habitants, il faut mécaniquement 30 % de logements en plus. À cela s’ajoute le dynamisme de notre territoire : chaque année, il y a près de 1 000 nouveaux Grand Bisontins à accueillir.
Du logement accessible à tous
« Ces dernières décennies, notre croissance démographique s’est plutôt reportée vers la couronne de Besançon, en particulier avec un départ des 25-40 ans, observe Aurélien Laroppe, Conseiller municipal délégué à l’Urbanisme. À la clé, un étalement urbain, sous forme de pavillons, qui entraîne une artificialisation massive des sols et un recours exponentiel à la voiture. Ce mouvement concerne en particulier les familles qui se sont éloignées de Besançon en raison du prix de l’immobilier.
L’autre motivation principale étant la recherche d’espaces verts pour les enfants. Or, ces deux critères – accessibilité du logement et espaces de nature – sont justement au cœur des Vaîtes dont la pertinence écologique doit être évaluée à l’échelle de toute l’aire urbaine. Sur le territoire qui s’étend jusqu’à Rioz, Saint-Vit, Ornans et Baume-les-Dames, 80 % des emplois sont concentrés à Besançon. Dès lors, si on veut préserver les sols et limiter le recours à l’automobile, il vaut mieux proposer 600 logements dans la ville-centre de l’agglomération, sur un secteur desservi par les transports collectifs.
L’INSEE nous informe qu’à Besançon on compte 0,92 voiture par ménage, chiffre qui double presque (1,7) en périphérie. Dans les 10 ans à venir, on projette qu’environ 1 200 habitants supplémentaires vivront aux Vaîtes, soit l’équivalent de la population de Marchaux-Chaudefontaine. Conséquences : moins de voitures sur les routes. Pour les ménages, ce sera une empreinte environnementale réduite, mais aussi des budgets moins impactés par les déplacements.
D’ailleurs, sur un plan financier, notons que le projet revisité en 2021 a porté la part de logements sociaux à 30 %, contre 20 % prévus initialement. S’y ajoutent 15 % de logements abordables qui, avec des prix inférieurs au marché, favoriseront l’accessibilité des classes moyennes à la propriété. Dans cet esprit, les typologies de logements seront notamment orientées vers l’accueil des ménages jeunes et des familles. »
Tisser avec délicatesse les liens ville – nature
Si les Vaîtes contribuent à lutter contre la tension du marché résidentiel, cet objectif se double de considérations environnementales. « Avec 600 logements, le volume de construction a été considérablement revu à la baisse en 2021, note Anne Vignot. La version initiale en prévoyait environ 1 200. Cette évolution a été guidée par notre volonté de réduire au maximum l’artificialisation des sols, mais aussi de conserver les jardins existants et de préserver un environnement végétalisé, dont bénéficieront aussi bien les résidents des Vaîtes que la population bisontine tout entière. En cela, nous nous sommes appuyés à la fois sur les travaux des scientifiques du Groupement d’experts indépendants, sur les contributions recueillies via notre plateforme numérique de démocratie participative et sur les conclusions de la Conférence citoyenne, composée de 51 Bisontins tirés au sort. »
Parmi les 23 hectares de la ZAC des Vaites, 5 seront nouvellement urbanisés, les 18 hectares restant se répartissent entre : le bâti privé préexistant, constitué de pavillonnaire et d’activité économique (5 hectares), la voirie (1,5 hectares), des espaces de nature (11.5 hectares), qui accueilleront des jardins potagers, du maraichage professionnel, des espaces de loisir, de détente et de rencontre, et des zones protégées (biodiversité à préserver Certains espaces, les plus sensibles sur le plan de la biodiversité floristique et faunistique seront interdits d’accès. D’autres secteurs seront ouverts à la fréquentation familiale, à la détente ou à des activités pédagogiques.
Au sujet des espaces naturels, il est à noter qu’en 2011, la Déclaration d’Utilité Publique initiale du projet concernait un périmètre de 33,76 hectares. Aujourd’hui, la zone d’aménagement porte sur 23 hectares, et au sud de celle-ci, la Ville proposera bientôt un classement en zone naturelle, étendant ainsi la préservation des espaces de nature périurbains. « De son côté, l’activité économique d’agriculture préexistant sur le secteur sera maintenue, voire développée pour conforter une filière bio en circuit de proximité, complète Anne Vignot. Concernant les jardiniers qui occupaient jusqu’ici des parcelles sans titre de propriété, nous avons engagé avec eux un processus de régularisation amiable, en novembre et décembre dernier. L’objectif est d’organiser l’exploitation potagère aux Vaîtes comme dans n’importe quel autre site bisontin, avec une gestion mutualisée et transparente, confiée à une association. Le but est d’accueillir les jardiniers actuels, tout en faisant une place aux futurs résidents du quartier. Eux aussi devront pouvoir cultiver une parcelle de terre. »