Si loin et si proche à la fois

La télémédecine, ou médecine digitale, vise à apporter au patient des soins à distance, grâce aux nouvelles technologies. Cette notion de rapprochement, on la retrouve chez les professionnels de santé bisontins, qui savent naturellement échanger pour innover, comme le relève le Professeur Thierry Moulin.

Pionnier de la télémédecine à Besançon, le neurologue Thierry Moulin a notamment présidé la Société Française de Santé Digitale, entre 2013 et 2016. Une fonction qui lui permet de partager un regard avisé sur la filière française en général, et bisontine en particulier.

« Les compétences locales en micromécanique et en ingénierie médicale ont permis de faire sauter des verrous sur le plan de la recherche, observe le chef du service de Neurologie au CHRU Minjoz. Par exemple, la société bisontine Covalia – leader national sur son marché – a permis, il y a 20 ans, de regrouper au sein d’un système unique tous les logiciels de transferts de son, de vidéo, de données, etc. Auparavant, ces logiciels fonctionnaient en tuyaux d’orgue. Une telle capacité à intégrer diverses technologies s’avère décisive, à l’heure où la médecine digitale s’ouvre à la réalité augmentée, aux solutions holographiques ou aux capteurs et retours de force. A cela s’ajoutent les perspectives ouvertes par le big data et l’intelligence artificielle. »

Savoir-faire et faire savoir

Pour aborder ce virage, le tissu bisontin de la télémédecine dispose d’un atout supplémentaire. « Quand les ingénieurs et les professionnels de santé se mettent autour d’une table, ils parlent d’emblée le même langage, souligne Thierry Moulin. Cette interface s’est construite dans la durée et grâce à des échanges en circuits courts. Elle permet d’avancer plus vite et plus fort. Besançon est déjà championne du monde des microtechniques. Elle a toutes les cartes en main pour devenir une championne mondiale de l’ingénierie de santé. »

Et si le savoir-faire local est bien là, il reste des progrès à réaliser du côté du faire savoir. « A travers l’Université, nous sommes présents sur la formation, explique Thierry Moulin. Nous participons également au Hacking Health. Mais il est vrai que les liens seraient à renforcer entre académiciens, industriels et institutionnels. L’enjeu est notamment d’améliorer la communication autour des innovations développées à Besançon, au service du patient. Il y a sans doute un rendez-vous spécifique à créer sur le sujet. » Quand on vous dit que la télémédecine, c’est aussi une histoire de proximité…

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