Thomas Henriot – Osmose
Cela fait plusieurs heures que Thomas Henriot peint, dans la même position, sous un soleil de plomb.
« En général, un dessin me prend une vingtaine d’heures, par séquence de dix heures par jour, sans interruption, explique l’artiste plasticien. Si ma technique est issue de la peinture traditionnelle chinoise, c’est en Inde que j’ai découvert ce côté méditatif. Je ne fais pas de dessin préparatoire, tout se joue à l’instant T, ce qui requiert un état de concentration intense. »
Les heures passent. Les boucles à l’encre de Chine s’enchaînent à une cadence magnétique et hypnotique, sur le papier de bambou coréen, solide et sensible. « Le trait d’encre est d’origine cosmique. Il ne faut surtout pas s’opposer aux conditions, mais les épouser. Je m’imprègne de ce qui se passe, dans une traversée vivante du paysage, qui évolue, au fil du temps et des changements de lumières. Sur vingt heures, beaucoup d’émotions me traversent, tout est transformation. Ce travail exige un conditionnement important du mental et du corps, car chaque geste va rester imprimé dans le papier. Il y a une fusion avec le dessin, avec le matériel, qui provoque une joie d’ordre spirituel, physique, sensitif, sensuel. C’est tout ça qui va se jouer dans un dessin. C’est cette osmose qui va rendre les dessins particuliers et uniques. »
Ce dessin fera partie d’une série sur les parcs et jardins urbains, réalisée un peu partout dans le monde. Marseille, La Havane, Lisbonne… « Une partie a déjà été exposée à la Casa Victor Hugo à La Havane, à l’invitation de l’ambassade de France. Je serais ravi d’exposer à Besançon. » D’ici là un livre, Une Nuit à La Havane est en préparation. Il regroupera les dessins et les textes de l’artiste.