Emplois non délocalisables et bénéfices redistribués

Certaines entreprises n’ont pas attendu ce mouvement de fond pour mettre l’humain et l’environnement au cœur de leur activité.

C’est le cas de cette pionnière de l’ESS (photo ci-dessus) qui livre aujourd’hui 1 200 500 paniers bio par an. Une belle réussite pour une initiative lancée à Chalezeule… en 1991.

Les Jardins de Cocagne accompagnent les personnes exclues du marché du travail vers la reprise d’activité. Notre philosophie est de “faire avec et non pour”. Et cela fonctionne : à ce jour, nous avons accompagné 4 810 personnes dans leur parcours d’insertion. À cela s’ajoutent les 810 permanents qui assurent le fonctionnement de nos 102 chantiers d’insertion, à travers la France. Actuellement, notre activité de maraîchage bio s’avère particulièrement pourvoyeuse d’emploi, en étant en phase avec la demande croissante des consommateurs pour des produits de qualité et livrés en circuits courts.

Dominique Hays, Président du Réseau Cocagne

Des traces d’ADN comtois dans l’innovation sociale…

Défini juridiquement par une loi de 2014, l’ESS a des origines qui remontent au Moyen Âge avec les corporations d’artisans, le compagnonnage ou encore… les fruitières à comté dont l’activité repose sur la solidarité entre producteurs laitiers. Mais c’est surtout au XIXe siècle, face aux injustices engendrées par la Révolution industrielle, que les travailleurs s’organisent pour améliorer leurs conditions de vie. Pour cela, ils s’inspirent notamment des préceptes du Bisontin Charles Fourier qui préfiguraient ce qu’allait devenir l’ESS : utilisation des bénéfices pour l’intérêt commun, salariés propriétaires de leur activité, juste rémunération du travail…

Cette notion de proximité entre les acteurs économiques et leur territoire est une autre dimension forte de l’ESS. En effet, un « bassin de vie » constitue une échelle pertinente, celle où se rencontrent les attentes et les moyens d’y répondre. Une approche d’autant plus intéressante qu’elle repose sur des emplois non délocalisables. Mais qu’en est-il des richesses produites au sein des entreprises de l’ESS ? Selon la loi de 2014 qui les régit, ces entreprises doivent majoritairement consacrer leurs bénéfices au maintien ou au développement de leur activité. Ce modèle – diamétralement opposé à celui dans lequel un nombre réduit de personnes se répartissent les profits – a notamment été adopté par Biocoop la Canopée.

Nos trois magasins sont organisés en coopérative de salariés (SCOP), depuis 2018. En lien avec ce statut, notre résultat net est réparti entre les 43 salariés et une réserve destinée à financer les projets de l’entreprise.

Didier Maillotte, co-gérant

Les porteurs de projets qui souhaitent ainsi se lancer dans une démarche ESS disposent de nombreuses ressources : la Maison de l’ESS (voir encadré), le Centre 1901 ou encore Coopilote.

Nous accompagnons les personnes qui souhaitent créer leur propre activité, afin de leur « apprendre » à être chef d’entreprise. Sensibles aux questions de développement durable, nos 110 entrepreneurs associés ont aussi lancé une Démarche Environnementale, à travers laquelle nous finançons des projets écoresponsables.

Vincent Girard, Gérant de la société coopérative d’intérêt collectif (SCIC)

De son côté, l’association France Active Franche-Comté est à la fois l’interlocutrice des entrepreneurs et des collectivités locales, pilotant des projets ESS.

Ces cinq dernières années, nous avons accompagné et financé une soixantaine de structures bisontines dans leurs projets relevant de l’ESS. Aujourd’hui, nous œuvrons pour faciliter leur relance ou leur rebond suite à la crise sanitaire. Notre Pôle Territoire mène aussi un travail autour des besoins pas ou mal couverts sur un territoire donné. À ce titre, la Ville de Besançon nous mobilise dans le cadre de l’évolution du quartier de Planoise en écoquartier. Nous partons des envies et des besoins des habitants, entreprises et associations sur place pour créer des projets économiques à impact social fort et venant améliorer le cadre de vie. Actuellement – sans doute, est-ce l’effet de la crise sanitaire – nous observons de plus en plus d’initiatives tournées vers la transition écologique du territoire et l’emploi.

Sandrine Maxit, Directrice adjointe de l’association

L’ESS est partout dans notre quotidien

Véritables laboratoires d’expérimentation, les entreprises de l’ESS imaginent des réponses de terrain face aux besoins de notre société. Elles sont ainsi à l’origine de nombreuses innovations qui font partie de notre vie quotidienne, sans même que nous en ayons conscience… Les associations sont à l’origine de l’aide à domicile, de l’alternative à l’hospitalisation, de la prise en charge des personnes handicapées, de la formation qualifiante, des centres sociaux… Les sociétés de secours mutuel, apparues lors de la Révolution industrielle, sont à l’origine de la création de la Sécurité Sociale, de la couverture maladie universelle, des indemnités journalières en cas d’accident, du tiers payant… Les coopératives sont à l’origine du contrôle qualité des produits, de l’animation sociale en milieu rural, du chèque-déjeuner…


Le dossier

Partie 1

Quand l’économie se met au service de l’humain et du territoire

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Partie 3

13,2 % des salariés Grand Bisontins

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