Quand l’économie se met au service de l’humain et du territoire
En septembre dernier, les élèves de l’école Brossolette découvraient une cour de récréation dont le réaménagement – redonnant une large part au végétal – fait écho à plusieurs objectifs portés par la Ville de Besançon : améliorer le cadre de vie offert aux habitants, lutter contre les îlots de chaleur, le tout en créant de l’activité au profit des entreprises et de leurs salariés.
Autant d’enjeux qui relèvent de l’Économie Sociale et Solidaire (ESS). Peu connu du grand public, le terme désigne une façon « d’entreprendre autrement » avec une performance économique qui se met au service de l’humain et du territoire… et non l’inverse. Coup de projecteur sur un secteur d’activité qui, dans le Grand Besançon, représente près de 11 400 salariés.
L’ESS, quèsaco ?
L’économie sociale et solidaire (ESS) a pour vocation de mettre en œuvre des projets innovants qui concilient intérêt collectif et activités économiques, tout en répondant aux besoins des populations et des territoires non ou mal satisfaits. Elle contribue à un développement dans de nombreux secteurs : protection des personnes et des biens, services de proximité, commerce équitable, tourisme, circuits courts, énergies renouvelables, logement, insertion sociale, lutte contre les inégalités, développement durable…
Nos écosystèmes sont à bout de souffle. Et face aux problèmes sociaux et écologiques en cours, nombreux sont ceux à penser qu’il est nécessaire de choisir entre création d’emploi et préservation de l’environnement. Deux objectifs pourtant loin d’être incompatibles : selon l’ADEME, la stratégie « bas carbone » peut créer jusqu’à 540 000 emplois supplémentaires, en France d’ici 2030. Plus globalement, 2,38 millions de salariés français donnent aujourd’hui un sens à leur vie professionnelle, en travaillant au sein d’entreprises qui relèvent des valeurs de l’Économie Sociale et Solidaire (ESS).
Un entrepreneuriat engagé et créateur d’emploi
En France, l’ESS c’est :
- 10 % du PIB
- 2 380 000 salariés
- 54 milliards d’euros de rémunérations brutes
Dans le Grand Besançon
- 11 386 salariés
- 10 020 équivalents temps plein
- 962 établissements
- 333,47 millions d’euros de rémunérations brutes
Parmi elles, Albizzia, entreprise de paysagisme missionnée sur le chantier de l’école Brossolette.
Cela fait des années que nous accueillons des compagnons via l’insertion professionnelle. Pour Brossolette, nous avions 127 heures prévues via ce dispositif. Finalement, nous en avons réalisé plus de 500, en vue d’apporter aux compagnons en insertion un plan de formation complet et un parcours d’intégration à nos équipes. Le but est de leur donner les meilleures chances de renouer avec le monde du travail. En retour, nous pouvons tester des profils sur le terrain et ils sont nombreux à être restés chez nous dans le cadre d’une embauche.
Jérémy Rondot, Directeur de l’entreprise installée à Ruffey-le-Château
Même son de cloche chez Colas dont les équipes ont également travaillé sur le chantier Brossolette.
Vécue comme une contrainte, il y a encore quelques années, l’insertion s’est affirmée comme une vraie chance, alors que nous rencontrons aujourd’hui des difficultés à recruter. Ce dispositif nous permet de rencontrer des personnes qui ne se seraient pas tournées spontanément vers nos métiers. Nous avons ainsi pu embaucher des jeunes qui ont eu des parcours de vie parfois difficiles, mais qui veulent s’intégrer, à travers le travail.
Olivier Rivière, Adjoint d’exploitation au sein de l’entreprise
Dans le même esprit, la Ville fait aussi appel aux Chantiers Départementaux pour l’Emploi d’Insertion (CDEI, photo ci-contre), association basée à Franois. Actuellement, leurs équipes comptent 88 personnes en insertion dont Lamine, embauché en juin dernier.
Après plusieurs années sans emploi, ce poste m’a permis de remettre un pied dans le monde du travail. Je fais partie de l’équipe “Rivières” qui compte une dizaine de personnes. Par exemple, on entretient les berges du Doubs ou on installe des frayères de reproduction pour les brochets. Comme j’étais kayakiste et suis passionné de pêche, ça me permet d’avoir de nouvelles compétences dans un domaine que je connaissais bien. En hiver, on fait aussi des travaux forestiers. À côté des chantiers, nos accompagnants nous apportent un suivi sur les questions de santé ou de logement. Ils nous guident aussi pour trouver un emploi par la suite.
Le chantier Brossolette est le parfait symbole du SPASER (Schéma de Promotion des Achats Publics Socialement et Ecologiquement Responsables), adopté par la Ville, début 2021.
« Cette démarche – qui renforce les clauses sociales déjà adoptées de longue date – vise à orienter la commande publique vers les entreprises qui s’engagent en matière de transition écologique et donc de responsabilité sociale, explique Anthony Poulin, Adjoint en charge des finances, de la commande publique, du développement durable et de la résilience. Nous sommes convaincus que ce levier permet de transformer notre mode de vie, tout en créant de l’activité économique. En 2021, sur les 319 marchés attribués, 71 % d’entre eux intègrent des clauses écologiques (sociales et environnementales). Les chiffres de 2021 sont encore à consolider, mais en partenariat avec la Ville, 23 donneurs d’ordres ont permis de réaliser 168 820 heures de travail en insertion, au profit de 661 personnes. Le SPASER constitue aussi une opportunité du point de vue des entreprises locales : 80 % des marchés de la Ville sont attribués à des candidats de Bourgogne-Franche-Comté. Au-delà de leur savoir-faire, qui reste un critère majeur d’attribution des marchés, ces entreprises ont su pleinement intégrer les enjeux de la transition écologique. D’ailleurs, on observe que les valeurs de l’ESS se diffusent de plus en plus à l’économie classique. »
L’ESS a sa maison
La Maison de l’ESS a pris possession de ses nouveaux locaux, en décembre dernier. Située au 7 rue Léonard de Vinci, à Besançon, elle héberge : la CRESS (Chambre Régionale de l’ESS) ; l’UDES (Union des employeurs de l’ESS) ; Les Francas ; l’Union Nationale de l’Aide, des services et des soins au domicile ; la Mutualité Fonction Publique ; l’URIOPSS (Unir les associations pour développer les solidarités) ; NEXEM (organisation professionnelle des employeurs du secteur social, médico-social à but non lucratif) ; Trajectoire ressources (centre de ressources « Politique de la Ville »). Le site est aussi un lieu-ressources pour les entreprises et les porteurs de projets relevant de l’ESS.
Le dossier
Partie 2
Emplois non délocalisables et bénéfices redistribués
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Partie 3
13,2 % des salariés Grand Bisontins
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