20 ans de fil en aiguille

Anne-Valérie Dupond, Créatrice, sculptrice textile

La sculptrice textile a son atelier au fond d’une cour de la Grande Rue, à Besançon. Elle y découpe et coud des tissus pour composer d’étranges formes, entre bustes de « Grands Hommes », bestiaire et accessoires de mode. Démarrée au début des années 2000, son œuvre fait aujourd’hui le bonheur de collectionneurs, en Asie…

Nul n’est prophète en son pays… Anne-Valérie Dupond en sait quelque chose. « L’essentiel de mes sculptures textiles se vendent en Asie, explique l’artiste bisontine. Ça a commencé quand Jun Takahashi – le créateur d’Undercover, une griffe culte au Japon – a fait un défilé inspiré par mon travail, en 2004. La galeriste Miki Matsuoka m’organise aussi une exposition, tous les 2 ans, à Osaka. Par ailleurs, j’ai été accueillie dans des galeries à Hong-Kong, en Chine ou à Taiwan. »

Le succès rencontré par les pièces d’Anne-Valérie dans ces contrées lointaines s’explique notamment par l’art toy qui y rencontre un engouement immense. « Il s’agit de figurines ou de jouets, conçus par des créateurs d’art contemporain, à destination des adultes, évoque la sculptrice. En Asie, les collectionneurs ont un rapport affectif aux oeuvres. Ils « aiment aimer ». Pour eux, une pièce d’art n’a pas vocation à rester sous cloche. Parmi les art toys les plus célèbres, il y a les BE@RBRICK de Medicom Toy, pour qui j’ai déjà créé cinq séries d’objets. »

Avec leur forme de nounours, les BE@RBRICK constituent un petit retour aux sources pour Anne-Valérie. À ses débuts, elle s’était fait connaître avec des trophées de chasse extravagants, rapidement repérés par des galeristes parisiens. Après cela, elle avait revisité la statuaire des « Grands Hommes » du XIXe siècle pour mieux interroger l’absence de la femme dans les représentations historiques.

Désormais, c’est résolument vers la mode qu’Anne-Valérie dirige ses aiguilles à coudre, et toujours vers l’Extrême Orient. « Je viens d’entamer une collaboration avec la créatrice Kayo Nakamura by Y’s, la marque de prêt-à-porter de Yohji Yamamoto, explique la sculptrice. Kayo me fournit des tissus avec lesquels elle travaille et je les utilise pour réaliser des accessoires inspirés par ses collections. À noter que certaines de mes pièces, destinées à l’Asie pour d’autres clients, sont réalisées avec des tissus chinés sur la brocante de la Place Pasteur. » Alors oui, on peut mieux faire sur le plan des circuits courts… Si vous voulez prendre soin du bilan carbone d’Anne-Valérie, il est toujours possible de découvrir son travail dans son atelier bisontin.

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